A quoi ressemble le retour en pleine pandémie du coronavirus ?

Par Dennis White, Ph.D.

 

Dans le “monde Coronavirus”, les échanges réussis ont tous été interrompus et beaucoup ont été arrêtés.

Les modifications que les participants ont expérimentées en gérant leur choc culturel ont été filtrées par l’expérience d’une pandémie inconnue jusqu’alors dans nos sociétés.

Nous ne connaissons pas toutes les réponses, comme nous n’avions pas vécu auparavant une pandémie comme celle là.

 

Elle a commencé à affecter notre programme d’échanges, juste au moment où la troisième étape du choc culturel, l’adaptation progressive, devenait une zone de confort pour la plupart des participants.

CycleChocCulturel

 

Et à ce moment là :

  • L’école s’est arrêtée
  • Les mesures de confinement ont commencé
  • Les rencontres du Rotary ont été stoppées
  • Les voyages du Rotary ont été annulés
  • Les parents hôtes ont arrêté de travailler ou sont passés en télétravail
  • Appels frénétiques des parents naturels
  • Certains voulaient rentrer immédiatement
  • D’autres voulaient continuer leur année d’échange
  • Beaucoup ont été renvoyés à la maison malgré leur désir de rester
  • Rentrer à la maison, dans son pays d’origine, devenait un nouveau risque
  • Beaucoup se sont retrouvés en quarantaine voulue ou non à leur retour, si toutefois ce retour était possible

La progression normale du choc culturel inverse…

La période souvent inattendue et difficile de désorientation et de réajustement vécue après le retour dans sa propre culture après une période prolongée de vie à l’étranger, caractérisée par :

  • L’émotion de rentrer à la maison
  • La tristesse de quitter les familles hôtes et les nouveaux amis.
  • La frustration de ressentir un « chez soi » qui a tellement changé
  • La résistance à l’idée de devoir s’ajuster à sa propre famille et sa propre culture

Dans le « monde Coronavirus » s’y rajoutent :

  • La colère de devoir rentrer, contre le Rotary, les parents, les parents hôtes, le gouvernement, le monde…
  • La peur pour sa sécurité personnelle, celle des familles qu’on a laissées derrière soi, la famille et les amis chez soi, la sécurité du voyage et la quarantaine possible
  • Le doute : pourquoi ai-je du rentrer alors que d’autres sont restés ?
  • L’échec : je n’ai pas fini mon échange, je n’ai pas atteint mes objectifs
  • La culpabilité d’avoir peut être été un fardeau pour ma famille hôte

Ou encore d’autres sentiments que nous n’avons pas anticipés.

 

C’est pourquoi le choc culturel inverse dans le « monde Coronavirus » sera très différent de ce que nous avons déjà vu et connu auparavant.

  • L’émotion initiale de rentrer chez soi peut être tempérée par les nombreux sentiments évoqués ci-dessus
  • L’émotion initiale peut également être limitée par l’absence de réunion physique avec les proches, le souci à propos de ces proches, et le fait d’être confinés sans école et sans activité sociale
  • L’irritabilité et le négativisme peuvent être orientés contre le fait d’avoir été obligé de rentrer par son propre pays
  • L’adaptation ne sera pas celle que vit un rebound normal, mais celle d’une « nouvelle normalité » à laquelle toutes les autres personnes doivent également s’adapter.
  • L’intégration ou le bi-culturalisme pourra être un développement plus caché, qui prendra nettement plus de temps.

Avoir affaire au choc culturel inverse dans la nouvelle réalité du Coronavirus peut exiger une nouvelle approche, partagée avec de nouvelles phases :

  1. La première priorité est d’assurer la santé et la sécurité, mental et physique, de tous les participants
  2. La chose la plus importante pour les participants est de leur donner l’occasion de parler, d’identifier et de surmonter les sentiments évoqués plus haut.
  3. Parler de l’expérience culturelle et de la croissance personnelle sera plus difficile que de normale, et ce n’est déjà pas facile en conditions normales. Ceci car les gens seront préoccupés par leur situation de crise actuelle, et les nouveaux rebounds pourraient penser qu’autour d’eux, on oublie leur échange.

Dans le prochain graphique, l’évolution du choc culturel est représentée en rouge. La progression typique du choc culturel inverse est en jaune.

CycleChocCulturelRetourCorona

Cette progression du choc culturel inverse, en jaune, montre une très brève période d’émotion suivie par une chute rapide vers l’irritabilité et le négativisme.

Puis elle montre des tentatives répétées d’adaptation, de rechutes vers l’irritabilité, suivies par d’éventuels ajustements.

 

Avec l’impact du Coronavirus sur notre monde, la progression du choc culturel inverse est moins prévisible, si celle-ci reste toutefois prévisible.

 

Tout ce que nous pouvons faire est d’être attentifs au fait de devoir traiter avec les sentiments des participants que nous avons identifiés dans ce programme.

 

Nous devons prendre les choses l’une après l’autre.

 

Presque tous ces sentiments et ces réactions peuvent être considérés comme étant des réactions NORMALES dans une situation ANORMALE, plutôt que comme des réactions anormales.

 

Les Rotariens ont développé des outils pour que les participants réalisent combien ces sentiments sont NORMAUX, et pour les aider à ce temps NORMAL mais INHABITUEL de l’adaptation à leur retour.

Plusieurs de ces outils et activités sont présentés dans la leçon suivante. D’autres outils sont également disponibles dans les ressources de ce programme.

 

 
Dernière modification : 09/04/2020